Les langues paternelles

Il est sorti le livre. En janvier. Il est là. Je les entends déjà, les pauvres langues paternelles. Tu en as encore fait de belles, mon fils. C'est quoi ce livre? Ca parle de moi? Je le savais, que tu y viendrais. Mais ce masque, là, ça rime à quoi? Tu ne te trouves pas assez beau, c'est ça? Ou alors je te fais honte? Mais non papa. D'abord tu es mort. C'est par rapport aux enfants. Je. Bon. C'est vrai que c'est une situation impossible papa. Ca ne m'étonne pas mon fils. Tu tiens de moi.

Nom :
Lieu : France

15 avril 2006

Et des enfants qui naissent sans mode d'emploi

Bonjour

Je me permets de vous envoyer un mot de félicitations d’abord parce que vous laissez une adresse montrant ainsi que vous n’êtes pas hostile à recevoir un message de vos lecteurs et puis parce que je dois déplorer que, de votre livre, on a très peu parlé, je n’ai vu qu’un entrefilet dans Elle qui m’a fait me précipiter chez ma libraire.
Peut-être la nécessité de l’anonymat, vous interdisant les plateaux de télé a entraîné pour votre livre, la confidentialité.

Alors, j’en viens au fait, merci, merci pour ce livre qui m’a bouleversée, qui a réussi à mettre en mots tout ce que je ressentais, le livre que j’aurais rêvé d’écrire, j’ai moi aussi un père burlesque, sorte de Mangeclous de « douze ans d’âge mental », une mère pas mécontente de ce champs laissé libre à l’exercice de son pouvoir, une mère sans tendresse, « pas très famille, pas très chichis » et des enfants qui naissent de ce fait sans mode d’emploi, pour lesquels tout devient énigmatique, étrange et pour lesquels seules la religion ou la création artistique permettent d’échapper au « monstre tiède » et à la folie. Et cette apparente dureté, le « cœur sec » de trop souffrir. Des tentatives pour entrer dans la normalité, pour se fondre dans la masse mais toujours rattrapés par les mêmes vieux démons qui obligent à être toujours dehors, pas dans « la bande » avec quand même une terreur, avoir transmis à nos propres enfants la même tare qui les contraindra au même chemin de solitude, d’errance et de souffrance sans l’assurance qu’eux ne tomberont pas dans les gouffres auxquels nous avons réussi à échapper surtout grâce à l’école et aux livres. Oui, les mots pour échapper au chaos d’un monde sans « langue paternelle ».

J’espère que vous écrirez encore car je sais que vous avez encore tant de choses à nous dire sur le couple, l’amour, la dépendance, la relation de votre mère avec sa propre mère, la tentation de l’autodestruction….

Lacan aurait adoré votre livre, surtout si vous ne le savez pas !

Merci encore et j’espère à bientôt à vous lire.

PS : En ce moment, se joue à La Colline, « Père » de Strinberg, à voir si ce n’est déjà fait.

M. T.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Nous tous aussi, sans nul doute, espérons d'autres livres de David Serge....et encore de belles lettres de félicitations et de remerciements à lire,comme celle de M.T., toutes plus sincères et intimes les unes que les autres.........je ne sais plus que faire pour que les gens soient "accrochés" par "les langues paternelles" et que l'on en parle un peu plus dans les "médias"!!....Recommander le livre dans mon message de présentation msn,pour que ce dernier soit visible par tout mon carnet d'adresses, l'annoncer dans une réunion de famille......mais la dernière idée, je l'avoue: chaque fois que je vais à la librairie,je sors le livre du rayon(pensez donc ,la lettre S est toujours au rayon du bas!! S pour Serge!!!il faut un sacré hasard pour tomber dessus,plié en deux sur ces malheureuses dernières lettres de l'alphabet..... je l'extirpe donc du bas et le hisse à hauteur d'yeux,bien à la verticale,face dévoilée... avec son bandeau bleu,il y en a bien qui vont le remarquer....allez ,faites tous comme moi!!! courage David et bon vent!
BERNADETTE ,fidèle lectrice

19:53  

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