Les langues paternelles

Il est sorti le livre. En janvier. Il est là. Je les entends déjà, les pauvres langues paternelles. Tu en as encore fait de belles, mon fils. C'est quoi ce livre? Ca parle de moi? Je le savais, que tu y viendrais. Mais ce masque, là, ça rime à quoi? Tu ne te trouves pas assez beau, c'est ça? Ou alors je te fais honte? Mais non papa. D'abord tu es mort. C'est par rapport aux enfants. Je. Bon. C'est vrai que c'est une situation impossible papa. Ca ne m'étonne pas mon fils. Tu tiens de moi.

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Lieu : France

14 mars 2006

La paternité, modèle détachable

Il y a des soirs sans. Ce soir est un soir sans. Sans bruits sans cris sans notes du jour sans drames sans engueulades sans révisions collant qui file chaussette perdue plat qui attache les verbes forts et le bac blanc venez à table j'ai dit à table décolle-toi donc de MSN et dix euros pour le bus papa n'oublie pas. Un soir sans drame car on s'y fait ne croyez pas au début on se demande on touche l'amputation on hurle ça va faire mal on hurle avant c'est plus facile. Et puis les années passent. Mais oui c'est sans souffrance.

Il y a des soirs sans. J'ai choisi la paternité modèle détachable. Ca se décolle ça se recolle regardez bien comme c'est facile garanti sans souffrance. Ca vient de sortir simple mouvement vous décollez vous recollez essayez donc vous allez voir comme c'est simple. Des millénaires d'attachement préhistoriques pères des cavernes si accrochés de désespoir et puis des cris et puis des râles comme ça souffrait et ils viennent d'inventer ça le modèle détachable un grand progrès du vingtième siècle. Ca se décolle ça se recolle lancez-vous donc vous verrez comme c'est insensible un soir avec et un soir sans il suffit d'inventer les mots et les coller sur ces absences. Je m'en vais je reviens je reviendrai toujours je serai toujours là même quand je n'y serai pas.