Les langues paternelles

Il est sorti le livre. En janvier. Il est là. Je les entends déjà, les pauvres langues paternelles. Tu en as encore fait de belles, mon fils. C'est quoi ce livre? Ca parle de moi? Je le savais, que tu y viendrais. Mais ce masque, là, ça rime à quoi? Tu ne te trouves pas assez beau, c'est ça? Ou alors je te fais honte? Mais non papa. D'abord tu es mort. C'est par rapport aux enfants. Je. Bon. C'est vrai que c'est une situation impossible papa. Ca ne m'étonne pas mon fils. Tu tiens de moi.

Nom :
Lieu : France

08 janvier 2006

Pierre Assouline, interview

-Bonjour,
Je vous ai lu. J'ai été emballé par "Les Langues paternelles". Avant d'écrire, j'aimerais vous poser quelques questions, mais je vous sais en retrait. On peut parler par courriel ? Sinon, regrets éternels.
A vous
Pierre Assouline



En retrait

En effet, je ne souhaite pas que mes proches soient mis en danger, ou en lumière, par cette aventure littéraire. Mais je crains d'être bien incapable de résister à la tentation d'échanger avec ceux qui auront lu et aimé ce texte. Donc si le coeur vous en dit...


-Je vous comprends et en même temps, ma curiosité ... Donc échangeons et nous verrons bien :
Tout d'abord, j'aimerais savoir pourquoi vous avez époruvé la nécessité de prendre un nom de plume. Et ensuite dans quelle société ou quel monde vous évoluez aujourd'hui (vous voyez que je ne vous demande pas votre profession...) Il ne s'agit pas de savoir pour savoir, mais d'essayer de comprendre sur quel terreau est née votre écriture, si elle fait partie de votre quotidien d'une manière ou d'une autre.

Terreau
Pour l'heure, j'évolue dans un appartement de la région parisienne, où je viens de regarder pour la quatrième (ou cinquième?) fois Nos meilleures années, en compagnie d'un ado de dix-neuf ans, qui a un peu grandi depuis la fin de la rédaction des Langues paternelles. Comme chaque fois, j'ai eu la larme à l'oeil au moment du suicide de Matteo. Voilà. Tout le monde a un peu grandi, moi aussi, quant au terreau, c'est comme tout le monde, tous les autres écrivains, je veux dire les vrais, il y a des choses vraies d'autres non. Le Futuroscope, par exemple, c'est tout vrai. Mais en revanche, l'auteur n'a jamais tenté en vrai d'étrangler son fils cadet au bord d'une piscine, pour autant qu'il s'en souvienne.
Je veux bien qu’on continue, mais en échange j’aimerais que vous me disiez un tout petit peu pourquoi le texte vous a « emballé ». Vous êtes le premier professionnel qui m’écrit, j’ai de l’estime pour votre travail, tout ceci est un peu déstabilisant.


-Parce qu'il y a un ton bien à vous. En une page, on reconnait votre voix. J'ignore si vous êtes l'écrivain d'un seul livre, si vous avez dit ce que vous aviez à dire, mais la facon dont vous l'avez fait, par son humour, sa sensibilité, sa vérité, sonne terriblement juste. Voilà. J'en dirais davantage j'espère dans mon article.


La voix
C'est très étrange, si vous saviez. D'abord je me suis battu des années avec ce récit, qui ne voulait pas venir. Ou plus exactement, les faits, les souvenirs étaient au rendez-vous, mais. Mais il manquait quelque chose. La voix, justement. Qui est venue d'un coup, à l'été 2004. Quand tout d'un coup j'ai découvert que c'étaient justement les pauvres phrases du père qui donneraient sa force au texte, qui en seraient le carburant. Et là j'ai tout réécrit. Et voilà.
Le souci c'est que maintenant elle ne me lâche plus. Elle s'est emparée de bien d'autres choses. Et c'est le genre de bête qui ne lâche pas ses proies. Donc oui on l'entendra encore. Bonne journée à vous.


1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

je n'ai pas de fils à étrangler, même pas dans mon imaginaire, j'ai eut un Pére que j'aurais bien envoyé "se faire voir ailleurs" et une fois, il était dans le coma, sur un lit d'hôpital, je trouvais ces dizaines de tuyaux à lui attachés bien tentants, j'ai quand même preferé une autre solution...

09:23  

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