Les langues paternelles

Il est sorti le livre. En janvier. Il est là. Je les entends déjà, les pauvres langues paternelles. Tu en as encore fait de belles, mon fils. C'est quoi ce livre? Ca parle de moi? Je le savais, que tu y viendrais. Mais ce masque, là, ça rime à quoi? Tu ne te trouves pas assez beau, c'est ça? Ou alors je te fais honte? Mais non papa. D'abord tu es mort. C'est par rapport aux enfants. Je. Bon. C'est vrai que c'est une situation impossible papa. Ca ne m'étonne pas mon fils. Tu tiens de moi.

Nom :
Lieu : France

11 février 2006

Puisqu'elles transpercent, les langues

Encore un mot à Traube. Ceux qui doivent le lire. Ceux à qui elles s'adressent. Ceux qu'elles doivent transpercer les langues paternelles. Qui se dressent sur leur chemin et qu'elles transperceront jusqu'à la fin des temps ça s'appelle les générations. Puisqu'elles transpercent. Puisqu'elles coulent jusqu'à la mer normal c'est une lave une coulée de lave rien ne l'arrête. Ceux-là ont lu bien sûr. Pierre a lu le premier c'est normal c'est l'ainé sur le chemin c'est le premier. Les deux autres mes amours liront un jour. Et leurs enfants aussi. Ta vieille poésie papa. Tes vieux textes. Tes vielles manies d'écrivains. Oui mes chéris ce texte il est pour vous ce vieux texte. Et les enfants de vos enfants. Ca s'appelle les générations. C'est quelque chose un livre tout de même. Il est là maintenant. On peut faire tout ce qu'on veut le tordre dans tous les sens il est là. Il marque le moment. Sur ce chemin de feu ce sera un vestige. Son destin de vestige de témoin il ne saurait y échapper.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Vous l’appeliez « petit papa « , je l’appelais « petite femme aux cheveux de soie » . Elle est partie un jour , sans laisser d’adresse où la contacter . « Elle n’était même pas malade » me crie la voix qui depuis remplit le silence qu’elle a laissé traîné derrière elle . « Même pas malade » , alors pas eu le temps de se préparer , de s’accrocher à autre chose , de caresser la douleur .
« Tu me manques » m’avait-elle dit la veille au téléphone . Et j’avais répondu étonnée , d’une affection pour une fois exprimée , tellement de fois réfrénée .
Je me suis réveillée ce matin , fatiguée . Je l’ai cherchée toute la nuit , dans une maison où habitaient toutes ses sœurs plus âgées qu’elle et qui lui ont ironiquement survécu depuis dix ans. Connaissez-vous ce sanglot nocturne qui hoquète l’absence au plus profond de votre sommeil ? Connaissez-vous cette voix qui psalmodie l’évidence alors que votre cœur la cherche encore , pauvre fou sans décence ?
Il m’arrive de la rencontrer , illusion fugace , dans mon reflet des matins blêmes . Je sais que je suis son immortalité , qu’en moi , elle survit . Mais j’aurai tellement voulu qu’elle survive encore un temps près de moi .
Je n’ai pas l’habitude de m’épancher , vos mots ont réussi à me perturber et mes doigts ont parlé seuls des pleurs de mon cœur . Merci .

11:23  
Anonymous Anonyme said...

croire et encore croire que le temps va effacer la douleur... non juste l'atténuer.
Mais ne serait-ce que d'avoir vécu ces moments là d'avoir su qu'ils existaient, cela a changé le monde, notre monde...

08:54  

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