C'est cela qu'il faut dire
Ce dont on ne peut pas parler, c'est cela qu'il faut dire. C'est de Novarina, dit Judith. C'est une belle phrase. C'est drôle presque un alexandrin, et pourtant non. Ca sonne comme, mais on relit, et non. Quatorze à la douzaine. Sauf si. Sauf si on vire le ce dont du début, on peut tout se permettre, n'est-ce pas. On ne peut pas parler, c'est cela qu'il faut dire. Pas mal aussi. Presque mieux.
On ne peut pas parler, c'est cela qu'il faut dire.
Il n'en peut pas parler l'auteur, alors il dut bien dire. Pas d'autre choix. C'était commode l'anonymat. Pas obligé de parler. Mais depuis le dévoilement. Dans un coin de bureau. Daniel je voulais vous dire. J'en suis page quarante. Ah je voulais vous dire. Quand vous êtes à Poitiers avec les enfants.
Quand vous êtes à Poitiers.
Avec les enfants.
Et la piscine ça c'est vraiment passé comme ça?
Et quand vous. Et quand ils. Et votre père. Et la casquette, elle était vraiment comme ça?
Ils sont mignons tout pleins quand ils parlent à Daniel. Ils le regardent en biais sans trop savoir qui regarder, si c'est Daniel ou bien David. Les images du livre ils en ont plein les yeux. Comment ne pas le prendre pour un livre de souvenirs? Un bel album photos, cartes postales de Belleville, j'ai reconnu ma rue, c'est mieux qu'en vrai. Ah moi ça m'a parlé vous comprenez j'habite Belleville.
Cette vague inquiétude pourtant. Ils leur ont éclaté à la figure les mots. Sans prévenir ils pouvaient pas s'attendre. Quand on y entre par Daniel dans le texte on ne peut pas s'attendre à ce voyage-là. Plutôt réussie l'embuscade. Alors Judith faut les comprendre, ils ne sont pas comme vous, ils s'y emmèlent un peu entre l'auteur le narrateur le personnage et cette étape supplémentaire, le vrai nom de l'auteur, quel drôle de bordel. Ce n'est pas grave. Chacun trouvera sa place.
Il reste coi l'auteur dans ces cas-là. Ah c'est gentil. Vous me touchez. J'en parlerai à David il sera content. Ca lui fera plaisir. Je transmettrai. Il esquisse quelques gestes qui font des ronds dans l'air. Il tente d'expliquer avec des ronds dans l'air, c'est tout ce qu'il peut faire, c'est tout ce qu'il peut dire.
On ne peut pas parler, c'est cela qu'il faut dire.
Il n'en peut pas parler l'auteur, alors il dut bien dire. Pas d'autre choix. C'était commode l'anonymat. Pas obligé de parler. Mais depuis le dévoilement. Dans un coin de bureau. Daniel je voulais vous dire. J'en suis page quarante. Ah je voulais vous dire. Quand vous êtes à Poitiers avec les enfants.
Quand vous êtes à Poitiers.
Avec les enfants.
Et la piscine ça c'est vraiment passé comme ça?
Et quand vous. Et quand ils. Et votre père. Et la casquette, elle était vraiment comme ça?
Ils sont mignons tout pleins quand ils parlent à Daniel. Ils le regardent en biais sans trop savoir qui regarder, si c'est Daniel ou bien David. Les images du livre ils en ont plein les yeux. Comment ne pas le prendre pour un livre de souvenirs? Un bel album photos, cartes postales de Belleville, j'ai reconnu ma rue, c'est mieux qu'en vrai. Ah moi ça m'a parlé vous comprenez j'habite Belleville.
Cette vague inquiétude pourtant. Ils leur ont éclaté à la figure les mots. Sans prévenir ils pouvaient pas s'attendre. Quand on y entre par Daniel dans le texte on ne peut pas s'attendre à ce voyage-là. Plutôt réussie l'embuscade. Alors Judith faut les comprendre, ils ne sont pas comme vous, ils s'y emmèlent un peu entre l'auteur le narrateur le personnage et cette étape supplémentaire, le vrai nom de l'auteur, quel drôle de bordel. Ce n'est pas grave. Chacun trouvera sa place.
Il reste coi l'auteur dans ces cas-là. Ah c'est gentil. Vous me touchez. J'en parlerai à David il sera content. Ca lui fera plaisir. Je transmettrai. Il esquisse quelques gestes qui font des ronds dans l'air. Il tente d'expliquer avec des ronds dans l'air, c'est tout ce qu'il peut faire, c'est tout ce qu'il peut dire.
3 Comments:
Dans l'air, flottent des ronds, sucrés. Dedans, il y a des mots, brûlants, qui se heurtent, inconscients, à la réalité. Lorsqu'on tente de les attraper, ils s'échappent, glissants, et reviennent pourtant, se laissant timidement approcher.
Protégés par les formes rondes, ils amorcent des souvenirs, réinventent des mondes, nous donnent la force d'écrire.
Nous chercherons, bien entendu, à les apprivoiser, ces mots venus devant nous se cacher.
Peut-être, au début, chasserons-nous leur insolence d'un geste agacé puisqu'ils nous mettent à nu. Avant, éberlusifiés, d'en comprendre le sens.
Dans l'air, flottent des ballons... perdus.
D'après Anthropia vous nous mettez légèrement en danger de "pipolisation" ... bon. Il suffit de le savoir. Avec la radio sur canapé, avec le BBB sans doute aussi. Et votre dernier coup magistral : un livre publié sous pseudo ... décapotable !
Décidément, "petit papa" peut être fier de vous DD (vous permettez que je vous appelle Dédé ?), vous ne faites rien comme tout le monde.
Mais j'ai fini "les langues paternelles" aujourd'hui et c'est pour ça que je suis là. Chloé a eu raison de vous booster et vous avez bien fait de la remercier. Dans sa singularité votre "histoire" sonne juste et va faire du bien à pas mal de mecs. A commencer par moi bien sûr. Pourquoi ? Parce que je me retrouve dans vos mots à plusieurs endroits du livre. Parce que je suis un fils aîné, le premier essai (réussi ?)d'une série de 6. Parce que mon grand-père était un intarissable conteur et que mon père a gardé ce goût de raconter ... des histoires (plus ou moins) drôles, de poser des devinettes (plus ou moins) salaces, de faire des jeux de mots (plus ou moins) spirituels ...
Que j'ai hérité de "ça", l'amour et le plaisir des mots, de la langue, de l'écriture ...
Je pourrais aussi, voyez comme une simple contingence géographique peut raisonner comme une connivence, vous parler du Pouliguen longuement, sorte d'anti La Baule. Mon père y est né et j'y ai passé de longues vacances jusqu'à l'âge de 16 ou 17 ans.
Mon père aujourd'hui a 83 ans. C'était un mécano expert qui réglait les culbuteurs d'un V8 à l'oreille. Aujourd'hui, il écoute son propre culbuteur battre, le corps abandonné dans le canapé du salon. Qu'il quitte épisodiquement.
Il attend. Et ma mère s'impatiente mais ne le dit pas comme ça. Elle dit : "ça m'horripile de le voir comme ça !"
Votre écriture agit comme une lame de fond, ou une houle de marée montante : ça soulève d'abord le coeur et puis, peu à peu, tout y passe. Et quel soulagement quand ça s'arrête ...
Juste un mot encore cher DD : merci.
Ca y est, j’ai lu. Pas le blog - trop de retard à rattraper - mais le livre. Failli louper la fin, oublié le bouquin chez mon père qui j’espère ne le prendra pas comme un message, ou alors lira bien jusqu’au bout... Mais je voulais savoir, alors je suis allée lire les 30 dernières pages dans une librairie. Savoir si vous aviez compris, si vous aviez admis que les parents ne sont jamais ceux qu’on voudrait, qu’ils ratent, qu’ils partent, qu’ils blessent. Mais que si on est là, debout, heureux parfois, c’est qu’au final ils nous ont réussi. Votre fin est magnifique, elle m’a beaucoup émue. Je vous attribuais beaucoup de qualités, mais la capacité d’émouvoir, qui est pour moi l’une des plus importantes, c’est dans ces pages que je l’ai découverte.
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