Les langues paternelles

Il est sorti le livre. En janvier. Il est là. Je les entends déjà, les pauvres langues paternelles. Tu en as encore fait de belles, mon fils. C'est quoi ce livre? Ca parle de moi? Je le savais, que tu y viendrais. Mais ce masque, là, ça rime à quoi? Tu ne te trouves pas assez beau, c'est ça? Ou alors je te fais honte? Mais non papa. D'abord tu es mort. C'est par rapport aux enfants. Je. Bon. C'est vrai que c'est une situation impossible papa. Ca ne m'étonne pas mon fils. Tu tiens de moi.

Nom :
Lieu : France

07 juin 2006

Le chanteur rebondissant

Une balle rebondissante. Puisqu'il faut bien raconter le concert évidemment. Une balle rebondissante, c'est elle qui me revient.

Tu te souviens papa dans le jardin? Tu te souviens la blaqueboule? Tu te souviens des engueulades? Un jour sont arrivées au magasin de jouets les balles rebondissantes. Des grosses boules noires très dures très noires. Totalement teigneuses. Sans concession aucune. Qui bondissaient partout. Qui montaient jusqu'au ciel. C'est une balle rebondissante ce chanteur petit papa. Touche pas à ma blaqueboule laisse la griffer le ciel. T'as pas vu ma blaqueboule? Ah zut encore en perdition sur la terrasse du cinquième. Cette fois c'est pas moi qui vais la rechercher. T'y vas toi-même ça t'apprendra tu dis pardon madame mais je crois que.

Il rebondit partout ce chanteur-là. A peine entré sur scène il est déjà parti griffer le toit du chapiteau. Pendant deux heures quelle santé. Faudra rembourrer le toit la prochaine fois. Ou jouer en plein air. C'est physique la chanson. Comme l'écriture on dirait pas. Mais arrêtez-le donc c'est pas les championnats d'athlétisme quand même. On ne sait d'où il vient où il va rebondir. Une balle rebondissante pendant deux heures. L'univers il l'explore il cherche ses limites. Mais qui a donc rangé les limites de l'univers? Ah oui dans le buffet de la cuisine avec la yaourtière. Il aime bien les maisons c'est sûr ce chanteur-là et les jardins et les cuisines et les petits mots aimantés sur les frigos. Et les bébés. Toute la vie calme des terriens. Pense à prendre le lait. N'oublie pas le pédiâtre. A ce soir. Qui chantera les petits coeurs sur les frigos? Tous ces instants tous ces regards ces chuchotements qui savent la calmer la blaqueboule. Il l'a trop descendue petit cette rue Oberkampf. Ca rebondit de la cuisine aux intergalaxies. Tu aurais aimé c'est sûr. Tu m'en aurais parlé. Tu sais pas qui j'ai rencontré David? Le chanteur qui. Le chanteur rebondissant. Il y a du Bécaud, du Trénet, du Montand. Du Brel, une larme pas davantage, au coin d'une fanfare. Tous les pièges mortels du quotidien pour l'instant c'est par le rire qu'il les désarme. Mais où tu vas rebondir comme ça? Il ne sait pas encore il n'en est qu'au début. Assez allègre dans l'ensemble. La douleur dans l'ensemble est assez peu présente, une larme pas davantage. On les guette les écorchures. Bien cachées pour l'instant. Trentenaire c'est sympa plein de jolies couleurs. Des souvenirs d'enfance juste ce qu'il faut. Des VIP à la marelle. Des petites filles qui pleurent, une larme pas davantage.

Et puis.

Et puis il y a la porte. Un peu fermée encore, ou à peine entrouverte. La porte des mots magiques qu'il ouvrira un jour. Entrouverte déjà. Des aperçus bien entendus, mais timides encore. Ma sardine ma sardaigne. Mon sagouin mon trois fois rien. Ma petite fouine ma petite teigne. Il est devant la porte le chanteur. Merci qui? Merci mon chien. Il hésite à ouvrir elle est lourde la porte de ces langues-là qu'il faut bien retrouver un jour puisque les portes elles seules savent les ouvrir. Et une fois qu'on l'a passée salut les potes c'est l'aventure, c'est l'armée de l'air. Mais aucune importance. Il ouvrira un jour et blaqueboulera tout.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

J'allume une petite cigarette dans un recoin...
Parce que je l'ai vu ce soir, aux nuits de Fournière, théâtre antique, en plein air, comme vous le suggériez, David. Et cette fois-ci - car je l'ai déjà vu plusieurs fois -, quelque chose s'est produit. Indicible, c'est sûr. Mais j'ai pensé à vous, David, lorsqu'au début de "Ma sardine, ma sardaigne", le chanteur a oublié quelques paroles. Juste devant la porte. Il s'en est presque excusé.
Alors, forcément, à cet instant précis, j'ai pensé à vous.

Et puis, comme un cadeau, après un ultime rappel fait de chansons, de cris scandés et de grandes olas, le chanteur est allé s'asseoir à son piano pour La station Mir, celle que j'ai toujours préférée :

http://www.paroles.net/chansons/36743.htm

02:15  

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