Les langues paternelles
Il est sorti le livre. En janvier. Il est là. Je les entends déjà, les pauvres langues paternelles. Tu en as encore fait de belles, mon fils. C'est quoi ce livre? Ca parle de moi? Je le savais, que tu y viendrais. Mais ce masque, là, ça rime à quoi? Tu ne te trouves pas assez beau, c'est ça? Ou alors je te fais honte? Mais non papa. D'abord tu es mort. C'est par rapport aux enfants. Je. Bon. C'est vrai que c'est une situation impossible papa. Ca ne m'étonne pas mon fils. Tu tiens de moi.
18 mars 2006
Vos mots ils m'aident vous le savez me font escorte et me repêchent quand le silence parfois m'étouffe je m'y accroche quand la musique se fait attendre c'est pas de sa faute l'orchestre répète il attend l'heure un peu de patience oui c'est ta voix qui me possède et me remplit vos mots ils m'aident ils sont si sages si secourables Roland Julien et Bernadette Michel Pascal Elisabeth à chaque fois c'est un cadeau avez-vous vu le beau chapeau de zozo Michel Roland et Bernadette j'aime à penser qu'elles vibrent en vous les langues qui viennent de si loin la tête des hommes j'aime à penser que je vous ai donné une sorte de clé pour y entrer sans effraction j'aimerais me cacher dans un petit coin de leur tête là où même eux ils font semblant de ne pas être Elisabeth si vous saviez comme ils savent bien faire semblant de n'y pas être et s'oublier c'est si facile les hommes qui passent chante Patricia les hommes qui passent maman elle ne sait pas elle n'a pas lu je suis bloqué maintenant trop tard ne lira pas ira son cours un peu de patience on verra bien attendre encore attendre toujours l'inexorable les mots qui passent maman un peu de patience plus pour longtemps un mauvais fils ça c'est plié plus rien à faire tout juste bon à te cacher comme tous les autres Elisabeth si vous saviez comme c'est facile quand cette clé on l'a trouvée dans un petit coin un tout petit coin de la maison qui est en carton les escaliers sont en papier dans un petit coin un tout petit coin les mots qui passent maman qui ne sont pas passés par toi le rendez-vous tu l'as raté le moment juste il est passé resté à quai plus rien à faire qu'accompagner la bonne idée ce n'est pas toi qui l'auras eue on ne sait jamais qui vous sauvera un jour la vie la bonne idée c'est celle de Franz et pas la tienne les derniers jours ils auront donc cette couleur imprévisible il y a des mots qui ne se laissent pas mettre en quatre comme par exemple: imagination.
14 mars 2006
La paternité, modèle détachable
Il y a des soirs sans. Ce soir est un soir sans. Sans bruits sans cris sans notes du jour sans drames sans engueulades sans révisions collant qui file chaussette perdue plat qui attache les verbes forts et le bac blanc venez à table j'ai dit à table décolle-toi donc de MSN et dix euros pour le bus papa n'oublie pas. Un soir sans drame car on s'y fait ne croyez pas au début on se demande on touche l'amputation on hurle ça va faire mal on hurle avant c'est plus facile. Et puis les années passent. Mais oui c'est sans souffrance.
Il y a des soirs sans. J'ai choisi la paternité modèle détachable. Ca se décolle ça se recolle regardez bien comme c'est facile garanti sans souffrance. Ca vient de sortir simple mouvement vous décollez vous recollez essayez donc vous allez voir comme c'est simple. Des millénaires d'attachement préhistoriques pères des cavernes si accrochés de désespoir et puis des cris et puis des râles comme ça souffrait et ils viennent d'inventer ça le modèle détachable un grand progrès du vingtième siècle. Ca se décolle ça se recolle lancez-vous donc vous verrez comme c'est insensible un soir avec et un soir sans il suffit d'inventer les mots et les coller sur ces absences. Je m'en vais je reviens je reviendrai toujours je serai toujours là même quand je n'y serai pas.
Il y a des soirs sans. J'ai choisi la paternité modèle détachable. Ca se décolle ça se recolle regardez bien comme c'est facile garanti sans souffrance. Ca vient de sortir simple mouvement vous décollez vous recollez essayez donc vous allez voir comme c'est simple. Des millénaires d'attachement préhistoriques pères des cavernes si accrochés de désespoir et puis des cris et puis des râles comme ça souffrait et ils viennent d'inventer ça le modèle détachable un grand progrès du vingtième siècle. Ca se décolle ça se recolle lancez-vous donc vous verrez comme c'est insensible un soir avec et un soir sans il suffit d'inventer les mots et les coller sur ces absences. Je m'en vais je reviens je reviendrai toujours je serai toujours là même quand je n'y serai pas.
13 mars 2006
Julien Toro: comme un cri d'enfant, comme un cri de deuil
C'est sur le blog de Pierre Assouline que j'ai appris l'existence de cet auteur. Passouline y écrivait dans un billet intitulé "ce que le fils doit au père" que le bouquin de David Serge était à ranger entre La lettre au Père de Kafka et L'invention de la solitude de Paul Auster; que c'était le livre de tous les fils qui ont eu un père et qui ne s'en sont jamais remis. Je(http://julientoro.blog.lemonde.fr/julientoro/ me suis donc lancé hier soir dans la lecture de ce livre si prometteur. Et je dois reconnaître qu'en fait, Assouline est en dessous de la vérité. Je ne sais pas qui se cache derrière le pseudo de David Serge (il paraît que c'est le premier livre d'un homme plutôt agé), mais il y a sûrement là un écrivain majeur. A l'exception de l'emploi du "petit papa" qui me fait exactement la même impression qu'à Traube et qui m'empêche de m'identifier au personnage (http://traube.blog.lemonde.fr/traube/2006/02 serge_david_les.html), voilà un texte qui vient de loin, qui vient des tripes;qui est lancé comme un cri d'enfant, comme un cri de deuil, sans pourtant jamais vraiment passer du côté de la plainte. C'est du grand art.Bravo à David Serge
11 mars 2006
Encore un mot sur le courage
Vous me parlez aussi de courage, Bernadette. Vous me dîtes que certaines phrases du livre pourront vous donner du courage. Et ce mot me poursuit à son tour. Du courage. Que peut-il rêver de mieux, un auteur, que voir ses mots donner du courage?
On en a tous dans la tête, des mots qui nous ont donné du courage dans la nuit. Quelques chansons auxquelles on s'est accroché quand tout tanguait. Quand il n'y avait plus que ça. Parce qu'elles restaient là les chansons, fidèles comme des chiens, dans toutes les absences.
Un jour on rend ce qu'on a reçu.
On en a tous dans la tête, des mots qui nous ont donné du courage dans la nuit. Quelques chansons auxquelles on s'est accroché quand tout tanguait. Quand il n'y avait plus que ça. Parce qu'elles restaient là les chansons, fidèles comme des chiens, dans toutes les absences.
Un jour on rend ce qu'on a reçu.
Dans un jet d'écriture nocturne?
Cette garce-là Bernadette, si je savais comment elle est arrivée. Si je savais l'écriture comment elle a forcé la porte. Si je savais comment elle s'est retrouvée chez elle, de phrase en phrase, comment elle a construit sa maison. Cette statue-là Bernadette si je savais comment elle s'est construite. Si je savais les nuits et les secrets. Car il y a eu des nuits, vous avez deviné. La nuit elle est chez elle. Si je savais ce qui guida la main. Cette garce-là elle s'est installée peu à peu et un jour elle était chez elle, un jour la maison était construite.
On pourrait le dire autrement. J'ai commencé par le récit. Et longtemps le récit est resté en panne. Un pauvre récit tout bête d'un pauvre papa tout gris. Et puis un jour les mots du père ont pris le pouvoir. Ces mots tout simples qui donnent au texte sa couleur. Tu tiens de moi mon fils. Dans la vie faut être vache. Vous les connaissez Bernadette puisque le livre vous possède puisqu'elles résonnent en vous maintenant les langues paternelles. Un jour ces mots ont pris le pouvoir, et moi je n'ai plus eu qu'à les accueillir et leur faire fête et leur laisser toute la place. Et les laisser construire l'histoire à leur manière. Je ne sais pas mieux dire.
On pourrait le dire autrement. J'ai commencé par le récit. Et longtemps le récit est resté en panne. Un pauvre récit tout bête d'un pauvre papa tout gris. Et puis un jour les mots du père ont pris le pouvoir. Ces mots tout simples qui donnent au texte sa couleur. Tu tiens de moi mon fils. Dans la vie faut être vache. Vous les connaissez Bernadette puisque le livre vous possède puisqu'elles résonnent en vous maintenant les langues paternelles. Un jour ces mots ont pris le pouvoir, et moi je n'ai plus eu qu'à les accueillir et leur faire fête et leur laisser toute la place. Et les laisser construire l'histoire à leur manière. Je ne sais pas mieux dire.
10 mars 2006
Le mien est parti respirer les étoiles
Merci pour ce beau livre qui m'a ému.....et que j'ai lu avec plaisir,avidité,voire gourmandise....mais avec respect. (il y a longtemps que ce n'était pas arrivé !!!)....je m'endormais avec votre histoire,je me réveillais avec vos pensées,j'ai vécu avec votre cheminement plusieurs jours après .....Si au début vous m'avez agacé,"allez encore un qui se la joue,qui se raconte...et puis cette ponctuation qui n'en est pas une, jamais de guillemets,est-ce lui ou le père qui parle........",vous avez su dès les premières pages , m'entourlouper, m'attirer, dans ce dédale de réflexions,de ressentis,et j'ai plongé tête baissée dans ces noeuds de rapports familiaux, dans ces chemins où l'on se perd parfois alors qu'on voudrait tant s'y retrouver.....vous êtes un homme je suis une femme,votre père vous a laissé,le mien était bien là, ce qui me permet d'imaginer l'absence....je l'expérimente ,cette absence, aujourd'hui, puisqu'il est parti respirer les étoiles dans sa 80e année.....maman est là et traine sa solitude au plus profond d'elle même,son vague à l'âme....sans jamais le montrer...elle tient pour ses enfants, et petits enfants,et arrière petits enfants.....et moi je me retrouve en vous,face à mes trois enfants,"l'ainé qui restera toujours l'ainé,présent ,fusionnel,le second qui sait avoir des jugements cruciaux,,(comme votre Stan), la troisième ,toujours forte et heureuse".....Encore merci pour ce beau livre qui vous a sans doute permis de "pardonner" à ce père et de comprendre qu'il était parti parce qu'on ne lui avait peutêtre pas donné sa place,entre autres......je ne sais pas si c'est au prix d'une douloureuse analyse ou dans un jet d'écriture nocturne que vous avez écrit tous ces mots.....je ne sais.....vous semblez être connu dans le monde des paroliers,gardez votre intimité pour vous.....et je suis certaine que si Stan lit ces lignes,il ne pourra que comprendre ....laissez le revenir à vous tout doucement.....je m'en vais de ce pas relire quelques phrases de votre livre,celles qui me donneront du courage pour continuer....continuer à chercher, à comprendre,à ressentir ce qui fait l'humain.....si vous voulez me répondre, avec grand plaisir......encore merci et bon vent Bernadette